Conférence le 17/06/22, Amphi DIRAC (IP2I/La Doua)
Au confluent du Verdon et de la Durance, au lieudit Cadarache en plein cœur de la Provence, le grand projet ITER est en phase de construction par la plus grande collaboration scientifique de tous les temps. L’Europe qui offre le site français, la Chine, la Corée du sud, l’Inde, le Japon, la Russie et les Etats Unis d’Amérique construisent ensemble un réacteur de fusion thermonucléaire dont le coût avoisine 20 milliards d’Euros. En mettant en commun les ressources et le savoir de chaque partenaire, il s’agit de démonter en vraie grandeur sur terre la viabilité scientifique de l’énergie de fusion des atomes d’hydrogène, qui alimente le soleil depuis plus de 4 milliards d’année. De puissants aimants supraconducteurs confineront un plasma constitué d’un gaz d’hydrogène porté à 200 millions de degrés, température nécessaire au processus de fusion nucléaire qui doit dégager 500 millions de watts. On abordera tout d’abord l’état de construction du projet qui a dépassé 70% de ce qui est nécessaire pour les premières expériences puis viendra la physique, complexe, innovante et fascinante, qui gouverne le confinement par le champ magnétique de ce plasma placé très largement hors de l’équilibre thermodynamique. Il se trouve être le siège de processus collectifs qui défient l’intuition.
Jacquinot Jean | conseiller scientifique auprès du CEA et du directeur général d’ITER
Jean Jacquinot est physicien ; au début de sa carrière, il travaille sur le confinement des plasmas et son chauffage par ondes électromagnétiques dans le cadre des recherches sur la fusion thermonucléaire au CEA à Fontenay aux Roses. En 1982, il rejoint le grand projet Européen JET (JET Joint Undertaking) alors en construction à Culham au Royaume Uni pour créer et diriger la division des chauffages haute fréquence. En 1992, il devient directeur en charge des opérations qui culminent en 1997 avec l’obtention, en phase D/T, de la puissance fusion record (16MW). Il est directeur général du JET en 1999 puis rentre en France pour prendre la direction du département sur la fusion magnétique au CEA à Cadarache en Provence. Il prend l’initiative de la candidature de Cadarache comme site pour la construction d’ITER alors en concurrence avec 3 autres sites (Japon, Canada, et Espagne). Cette candidature est choisie en 2005. Depuis, il est tour à tour conseiller scientifique du haut-commissaire à l’énergie atomique puis de l’Administrateur général du CEA et maintenant du directeur général d’ITER, Bernard Bigot. Depuis 2018, il est le président du FPCC (Fusion Power Coordinating Committee) de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie). Il est chevalier dans l’Ordre National du Mérite et chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.